à AUBAS
C’est en Dordogne, au cœur du Périgord qu’a eu lieu l’Assemblée Générale du Réveil
des Moulins.
Dans ce petit village d’Aubas dont la place borde la rivière Vézère et où, un moulin puis une production d’électricité a vu le jour à la fin des années 1800.
Après un café d’accueil très copieux, offert par le Syndicat, Monsieur le Maire d’Aubas nous a accueilli avec un discours basé sur cette rivière qui traverse la commune où, au fil du temps à vu un moulin, une écluse pour les bateaux qui travaillaient pour la cartonnerie en amont, un port avec une dragueuse qui récupérait le sable de la rive droite pour une fabrique de parpaing et enfin, une micro centrale qui a fait qu’Aubas a eu la lumière bien avant les autres lorsque tout allait bien mais il fallait compter avec les crues, les pannes …..Après quoi, il nous souhaite une bonne Assemblée Générale.
RAPPORT MORAL
L’objectif de l’Etat : développer l’hydraulique de 3 Twh à l’horizon 2020 sous quelle forme ?
Des centrales électriques en site vierge oui mais il y a des rivières classées, réservées, … Toutes celles qui ont des possibilités ne sont plus libres ou peu. Il y a les sites existants, les nôtres.
A t’on bien pris conscience qu’ils sont le plus fort développement de l’hydraulique ?
On nous parle effacement de barrage et en même temps de supers subventions…… s’il vous plait…..
L’objectif de la directive cadre sur l’eau c’est : développer, équiper, améliorer tous les barrages existants plutôt que d’en créer de nouveaux. Et oui, nous avons un rôle important à jouer en développant nos petites centrales à haute qualités environnementales.
Certains ont cru nous enterrer presque vivants sous prétexte de continuité écologique, transport des sédiments, de qualité de l’eau… NON, ne nous laissons pas berner par ces gens qui n’ont plus autant de crédibilité.
Demandez autour de vous ce qu’on pense d’un moulin transformé en micro voir pico centrale, on vous en dira du bien, même les pêcheurs qui sont nos amis de toujours.
Le temps des dossiers interminables pour décrocher une reconnaissance de fondé en titre est passé même si il reste quelques incorruptibles par ci par là pour déterminer la puissance réelle autorisée.
Aujourd’hui, une nouvelle air est née, moins de nucléaire, plus d’énergies renouvelables, pour cela, à nous d’améliorer la concertation avec l’ONEMA, les pêcheurs, l’environnement, peut être accepter quelques contraintes, grilles fines, échelles à poissons, passes à canoës, débit réservé … voir se grouper pour instruire un dossier, obtenir des subventions tant qu’elles existent.
Sachons partager la ressource comme l’ont fait nos anciens, mais sachons aussi partager notre retour d’expérience pour aller vers cette production renouvelable indispensable à la survie de nos moulins ; plutôt que parler d’effacement de digues qui fait perdre toute valeur et tout charme à nos vieilles bâtisses.
Ce matin un de nos adhérents dynamique va vous faire partager son expérience, il y est arrivé dans des temps moins favorables, pourquoi pas vous aujourd’hui ?
Cette énergie de plus en plus prisée sera un revenu supplémentaire pour l’entretien de votre patrimoine voir une amélioration de votre retraite avec un contrat de 20 ans indexé.
Nul par ailleurs vous ne trouverez une telle possibilité.
J’ai connu dans mes plus jeunes années, le temps propice où nos meuniers avaient une autorité reconnue, malheureusement, j’ai vu disparaître un à un mes collègues.
Aujourd’hui, bon nombre entendent ronronner à nouveau la turbine, c’est une intense satisfaction pour moi après cette traversée du désert, croyez moi…
Je vais conclure par ces mots :
Nos moulins ont un grand, très grand avenir !!!!
RAPPORT FINANCIER
En 2011, les cotisations de nos adhérents ont rapporté 8 258 euros et les dépenses : imprimerie pour le journal, affranchissement, Internet … s’élèvent à 5 613.04 euros soit un solde positif de 2 644.96 euros que le Président propose d’affecter au rapport a nouveaux.
RENOUVELEMENT DES ADMINISTRATEURS
Mrs Tourette, Demars, Resneau, Rigal et Farges sont renouvelables, le Président propose de rajeunir voir étoffer un peu le Conseil avec les candidatures de M Eric Blanc, Jean Claude Cazor et Michel Grepon. Tous sont élus à l’unanimité.
CLASSEMENT DES COURS D’EAU REVISION
80 % des cours d’eau sont proposés au classement en liste 1 et 2.
Sur la liste 1 : plus aucun aménagement, que ce soit pour les collectivités locales (captage) ou pour l’hydroélectricité ne seront possible. Loire Bretagne a obtenu un arrêté conservant les listes 1 et 2 de son bassin.
Sur un potentiel évalué à 390 Mw installés 308 Mw se trouvent sur des cours d’eau classés donc pas de nouvelles installations hydroélectrique.
France Hydro Electricité a déposé un recours contre l’arrêté du Préfet du Loiret portant sur la liste 1 des cours d’eau du bassin Loire Bretagne.
France Hydro a écrit aux Conseillers Généraux, Régionaux, aux Chambres de Commerce et d’Industrie de chaque département où un potentiel hydroélectrique est classé en liste 1.
A votre tour, chaque propriétaire de moulin doit écrire à son maire, Président de l’association des Maires de votre département, au Président de la Chambre d’Agriculture, nos amis les agriculteurs sont propriétaires de rives, voir de droits d’irrigations et donc concernés parle classement en liste 1.
FAIRE RECONNAITRE SON DROIT D’EAU
Toutes les prises d’eau que vous exploitez dans le cadre d’un droit « Fondé en titre », une autorisation ou une concession sont soumises par l’application de l’article L 214-18 à une révision au plus tard le 1èr Janvier 2014 du débit réservé qui passe au 1/10ème du module.
Dans ce contexte, il faut connaître le débit moyen annuel de votre cours d’eau au droit de votre moulin.
Vous allez devoir composer avec la DDT et par la même occasion demander un arrêté Préfectoral (sans limitation de durée pour les Fondés en titre) mais sur lequel sera mentionné la hauteur de chute brute, le débit dérivé et le débit réservé avec les côtes du barrage et de la restitution (crête du barrage amont, niveau eau moyenne pour la restitution). Pour cela, vous pouvez déjà demander à un géomètre d’établir un plan côté.
VENDRE SA PRODUCTION
Vous décidez de vendre votre production d’électricité, c’est une première, même si vous avez déjà utilisé celle-ci en interne pour vous chauffer et vous éclairer.
Une première veut dire, un contrat H07 de 20 ans à un prix de base + une majoration importante pour les moins de 400 Kw.
Vous vendez déjà votre production avec un contrat H97 ou H01, vous pouvez prétendre
à un contrat H07 si vous rénovez votre entreprise en investissant 937 euros par Kw installé dès 70 % de cet investissement (voir commandes signées avec acomptes suffisent).
Vous pouvez aussi prolonger votre contrat H97 pour 15 ans au lieu de 20 ans avec un investissement de 550 euros par Kw installé en justifiant 60 % de cet investissement au bout de 4 ans mais achevé en 8 ans.
Enfin, vous pouvez après un contrat H97 aller sur le marché libre et là, tout est négociable, durée, prix …
Le Moulin du Bru
Je me souviens lorsque j’étais enfant, alors que j’explorais les moindres recoins du moulin de mon grand père, je me mettais à rêver, je voulais le faire revivre, mais tout cela me paraissait si gigantesque ! Les années passaient et ma passion grandissait…
En tout, pratiquement 4 jours de recherches aux archives départementales m’ont amenées jusqu’en 1641. De 1750 à 1880 environ plusieurs générations de Bru se sont succédées au moulin. Celui-ci était arrêté depuis 1924 date à laquelle mon arrière grand père, dernier meunier péri accidentellement sur la route.
Sur ce même lieu se trouvent en fait deux moulins à farine en cascade, l’un à deux paires de meules avec à l’étage, la partie habitation et l’autre plus petit a 25 mètres plus loin à une seule paire de meule qui fonctionnait par éclusé en utilisant l’eau du premier, alimenté par le torrent la Clamoux, qui prend sa source au pied du pic de Nore à la limite du Tarn dans la montagne noire et va se jeter dans le fleuve Aude non loin de Carcassonne.
Ce torrent ayant un débit irrégulier, j’avais le projet d’installer une petite turbine Banki à deux compartiments 1/3, 2/3 afin de produire de l’électricité (génératrice 30 Kw) pour revente à EDF sur l’emplacement du petit moulin qui était le plus bas.
Ce site étant unique (comme tous les moulins) je ne voulais pas le dénaturer et je désirais également garder la possibilité de faire fonctionner le premier moulin.
Après mûre réflexion, je décidais de construire un bassin décanteur (pour retenir le gravier) avec la chambre de mise en charge non loin de la prise d’eau (débit dérivé 450l/s) d’enterrer une conduite forcée en plastique (léger et qui ne rouille pas) d’une longueur de 108 mètres dans le pré d’a côté pour aller rejoindre le petit moulin où je bénéficiais du maximum de hauteur de chute (9.20 M net).
J’étais conscient que le travail à accomplir et les besoins financiers étaient énormes, et étant dépanneur d’engins de TP et bien qu’ayant l’intention de réaliser les travaux moi-même, ce n’était pas gagné d’avance. Mais comme on dit, lorsque l’on aime on ne compte pas !
Avant de m’investir et d’investir autant, je voulais être certain de pouvoir réaliser mon rêve. Ayant retrouvé plusieurs documents antérieurs à la révolution de 1789 aux archives départementales ainsi que la présence de mon moulin sur la carte de Cassini, je demandais à la DDAF de l’époque la reconnaissance du droit d’eau, je demandais 600l/s de débit dérivé, le CSP voulait 500, la grille devait avoir un espacement de barreaux de 15 mm, il voulait 12, le débit réservé était de 10l/s, il voulait 20. Bref, après plusieurs échanges de courriers et quelques concession, je reçu enfin le précieux sésame, deux ans de passé. Pendant ce temps j’avais réalisé quelques menus travaux.
Etant en bout de ligne (comme beaucoup de moulins de montagne) et suite à ma demande PTF (proposition technique et financière) auprès de ERDF je donnais mon accord pour effectuer les travaux nécessaires au renforcement et à l’amélioration du réseau existant. Contre temps suite au désaccord du voisinage.
Il m’a fallut débourser plus du double du devis initial et patienter pratiquement 3 années pour avoir le raccordement effectif. Bien sûr entre temps beaucoup de doutes sur la fiabilité de mon projet !
Etant certain maintenant d’avoir la ligne dimensionnée comme souhaité, je commandais la turbine avec ses accessoires et armoires électriques complète chez Ossberger en Allemagne. J’aurais bien voulu commander Français mais pour ce type de turbine Banki, il n’y a pas trop de choix à part JLA en Belgique qui lui, ne pouvais me fournir que la turbine, et peut être IREM en Italie je crois.
J’ai attendu encore 9 mois, pour enfin réceptionner le matériel le 29 Janvier 2012 que j’ai installé en 3 mois.
Mise en service officiel le 01 Juin 2012, en tout plus de 10 ans s’est écoulé entre les travaux, batailles avec les différentes administrations, un véritable parcours du combattant.
Dans cette aventure, j’ai rencontré des personnes qui m’ont aidé et d’autres qui m’ont mis des bâtons dans les roues. Bien sûr, j’ai aussi rencontré plusieurs problèmes techniques, mais même face à la lenteur administrative et à sa complexité ce n’était pas insurmontable.
Tout ceci n’est qu’un simple résumé, les détails des différentes péripéties notamment avec ERDF pourraient aisément remplir un livre, à ce propos je me souviens au début, mon dossier tenait dans un simple classeur et un propriétaire de moulin m’a dit « Tu verras avant la fin il te faudra un cartable » et il avait raison !!!!
Lorsque je fais visiter, on me demande souvent si j’ai eu droit à des subventions dans le cadre des énergies renouvelables ou du patrimoine ….. non !!!
Pour info, mon installation hydroélectrique à dépassé en 5 jours la production annuelle de mon installation de 21 m2 de panneaux photovoltaïques de 3 Kw installée sur le toit de ma maison proche de Carcassonne soit plus de 3200 Kwh. En effet lorsqu’il y a de l’eau la turbine tourne jour et nuit ! Pas de comparaisons : le moulin est vivant et je dois dire que la puissance réelle fournie dépasse mes prévisions 33 Kw, j’ai préféré limité l’ouverture de la turbine à 90 % de peur de griller la génératrice qui elle est prévue pour 30 Kw
En 2001 lorsque j’ai commencé à demander des renseignements auprès des quelques fabricants de turbines, la plupart m’ont répondu que cela ne valait pas le coût ! D’autres personnes ne comprenaient pas pourquoi est ce que je me donnais autant de mal pour si peu, je leur répondais, il y a bien des personnes qui collectionnaient des timbres, tout un tas de choses, qui restaurent des vieux tacots et fabriquent des réseaux ferroviaires miniature cela leur coûte du temps et leurs économies et ils le font parce que cela leur fait plaisir !!! Moi, j’ai redonné vie au moulin familial, patrimoine des hommes. Je suis conscient que ce moulin ne m’appartient que pour un temps et j’espère que par la suite il tombera entre d’autres mains qui le respecteront et se battront pour le conserver…
Je conclurai par ceci
Si on y croit vraiment, et qu’on est passionné alors tout est possible !
A mes amis d’ERDF et d’EDF qui considéraient toujours mon projet pour une production photovoltaïque je leur dit : si, avec un ancien moulin, grâce à la force motrice de l’eau il est possible de produire de l’électricité !
NB : Sur le plan de 1861 la prise d’eau du moulin de Bru n’est pas représentée par contre on voit 2 prises d’eau en aval, à cette époque, sur environ 1.5 km il y avait au moins 5 prises d’eau qui avaient pour usage d’irriguer les vergers et les prairies au fond de la vallée, les anciens me disaient qu’ils trouvaient des truites dans les « béals ». Il y a déjà longtemps que ces prises d’eau ont été arasées naturellement par de nombreuses crues, mais il subsiste encore des traces. Seule la prise de mon moulin est encore en place…
Quelques chiffres : en France :
Moulins à eau : 82300
Moulins à blé uniquement Moulins à vent : 15857
Total : 98157
1 moulin pour 300 habitants Soit 16 % de moulins à vent
Département de l’Aude
Moulins à eau : 559
Moulins à blé uniquement Moulins à vent : 287
Total : 846
1 moulin pour 280 habitants Soit 34 % de moulins à vent
(Source archive étant des moulins de 1809)
Pendant cette matinée de travail très chargée et où les questions diverses ont crées un vive débat nos accompagnatrices ont pût visiter les Grottes de Lascaux, très proches, une visite très appréciée de celles-ci.
12 H 00 Visite de la centrale d’Aubas
Ce site, équipé de trois groupes Bulb avait été installé dans les années 60, soit disant, un prototype pour construire l’usine marrée motrice de la Rance.
Sous équipée par rapport au module avec un emplacement idéal pour installer une VLH, une demande d’augmentation de puissance (article 44 loi de 2005-781 du 13 Juillet 2005) de moins de 20% à été accordée mais avec une contrainte non négociable, équiper l’installation aux normes anguilles, il est vrai que cette micro centrale est la première sur l’axe Vézère.
Il a donc fallu remplacer les grilles aux barreaux espacés de 7cm par des barreaux espacés de 2cm, deux exutoires de dévalaison au niveau des grilles équipées d’une goulotte traversant l’usine pour amener le poisson migrateur à la sortie des turbines. Aménager l’échelle à poisson construite dans les années 80 avec deux bassins supplémentaires, un mûr empêchant la déverse jusqu’à trois fois le module, revoir les échancrures.
Installer deux dégrilleurs fixes en remplaçant les dégrilleurs existants, il est vrai que les grilles de 5m ont été remplacées par des grilles de 10m de long.
Cette centrale hydroélectrique entièrement transparente aux poissons migrateurs produira la consommation annuelle de 1200 ménages et économise 2500 T de Co2 dans l’atmosphère.
13 H 00
Un excellent repas préparé par le traiteur de St Rabier, « le Bonheur dans le Pré » nous a permis de discuter, échanger nos points de vue, créer des liens, et élargir notre cercle d’amis.
CALCUL DE LA CHUTE BRUTE SUR UNE INSTALLATION HYDRAULIQUE
Chute Brute : Niveau crête du barrage amont, niveau d’eau moyenne à la restitution du canal de fuite aval. Cette chute brute est celle indiquée sur votre arrêté, elle peut être très différente de la chute utilisée si vous avez un canal d’arrivée très long ou un canal de fuite en cascades.
ATTENTION : Pour les installations fondées en titre répertoriées sur les états récapitulatifs anciens, la chute brute était calculée entre la crête du barrage et l’axe du rouet.
Nos anciens installaient toujours les rouets à une hauteur supérieure aux jours de crues car un rouet noyé ne peut pas tourner. Ce qui fait qu’aujourd’hui l’administration peut vous indiquer que vous avez augmenté la hauteur de votre barrage alors que ce n’est pas le cas ; mais qu’il peut y avoir un écart important entre la chute brute et l’état récapitulatif.