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Publié : 11 mai 2015

TROP C’EST TROP

Il aura fallu beaucoup de courage et de détermination pour que le patrimoine ancestral de nos chers moulins arrive jusqu’à nous.

Trop d’entre eux sont considérés comme de vieilles dames, l’âme séculaire qui les habite a vaincu bien des combats, les crues mémorables ne sont rien, la violence des éléments, les arbres transformés en butoirs pour détruire nos écluses ne sont rien face à l’administration rigide et implacable qui veut tuer leur mémoire sur l’hôtel de la jalousie. Les lois sont moins implacables que les gens qui veulent les faire appliquer.

La truite et le saumon ne nous apportent plus les nouvelles de l’océan. Voilà plus d’un demi millénaire que mes pierres les abritent, que mon écluse leur donne à respirer, que mes eaux profondes les protègent de la chaleur et des pêcheurs.
Le glaive que certains brandissent n’est que l’écho de leur tristesse d’âme. Ils vomissent leur haine implacable pour tuer le bon sens. Trouvant toutes les raisons du monde pour justifier leur geste sans y parvenir vraiment.

Nos histoires sont tant de poésies, que la flamme vacillante qui fait chanceler nos regards, se doit de résister comme l’Hermite qui sait que la vérité et la lumière doivent être protégées au cœur des ombres.

Les meuniers sont les témoins vivants de leur temps, n’hésitant pas à ouvrir leur cœur et partager la mémoire des moissons. La chaleur de l’été qui vit tout à l’abri dans leur grenier, pour nourrir et accompagner notre table tout au long de l’année.
Certains d’entre eux, ont décidé de fouler le chanvre, faire sonner le martinet, tisser la laine, donner de la mémoire à nos paroles en fabricant le papier. Pendant ce temps, le bief qui amène l’eau regorge de pêches miraculeuses, les siècles se sont écoulés sans que l’équilibre ne soit rompu.

Trop de gens se perdent dans les villes en oubliant que seule la terre peut les nourrir et leur apporter santé et vigueur. L’eau de nos rivières si pure dans sa source transporte la mort, l’apothicaire a laissé la place à une officine, les plantes s’appellent aujourd’hui des molécules. Les hormones et les médicaments ont plus d’effets indésirables que thérapeutiques. Ce flot incessant que rien n’arrête, contamine notre corps et trouble notre esprit.

Nos rivières souffrent, la loi implacable désigne un absent du débat et pour cause, il est plus facile de harceler les propriétaires passionnés de moulins un à un. Les marées vertes qui inondent le littoral avec leurs gaz toxiques sont peut-être dues encore à nos moulins. Nos poissons androgynes l’ont dit, nous ne pouvons plus passer vos écluses, ré ouvrez la voie pour que les plus faibles puissent transporter leurs maladies.

L’état tout puissant a oublié qu’il a donné mandat en 1789, il veut à présent reprendre gratuitement ce qu’il a vendu au prix fort pour construire en ces temps anciens ce que l’on appelle, ironie du sort, l’administration.

Ces moulins, petits ou grands sont autant de lumières sur notre territoire. Tant de passionnés rêvent d’entendre le chant de l’eau dans leur demeure. Un jour prochain le Cincle habitera votre digue, la loutre joueuse se montrera à vous quelques instants, le castor si habile bâtisseur ne demandera pas d’autorisation …

Si le doute s’installe, si la colère gronde, si la bêtise veut prendre part au débat, n’écoutez que la vérité qui habite votre cœur. Elle fait fi des bonimenteurs qui sournoisement vous proposent le pire pour dicter ensuite leurs exigences.

Tous pour une loi européenne : « Moulins en voie d’éradication : espèce protégée »