Le vieux moulin
O moulin, vieux moulin,
Avec ton toit crevé, tes pièces de bois pourries, tes murs centenaires envahis par le lierre, tes entrailles béantes où l’on peut encore écouter le murmure de ton ruisseau.
Toi qui a connu tant de générations de meuniers, qui a accueilli tant de gens,
Toi qui jadis les as nourris pendant tant d’années.
Perdu dans les broussailles au fond du petit vallon,
Abandonné de tous, tu gémis maintenant tel un animal blessé.
Certains voudraient bien te voir disparaître à jamais au nom des poissons.
Ces mêmes poissons avec qui tu vivais en harmonie autrefois.
Tandis que La brume du petit matin, fond doucement,
Les geais se disputent déjà les quelques fruits du vieux prunier.
Les lézards, les libellules colorées et le blaireau veillent sur toi avec respect.
O moulin, vieux moulin,
Sens ces rayons de soleil qui percent le feuillage de tes amis les arbres et qui te caressent.
Cette lueur, cette lumière, c’est l’espoir qui reste en toi malgré tout.
L’espoir qu’un jour un promeneur égaré, te remarquera et ne te verra pas comme un simple tas de pierres.
Mais plutôt comme une âme endormie, désireuse de redonner aux hommes…
Quelqu’un qui émerveillé par ce décor, tombera amoureux de toi.
Las des autoroutes, des supermarchés et de cette vie préfabriquée qui va trop vite …
Quelqu’un qui aura enfin envie de te redonner vie et de te faire connaître
Quelqu’un qui redressera tes murs, qui te donnera un nouveau toit, recreusera tes canaux, te fabriquera de nouvelles vannes et remettra en état ton mécanisme.
Fait seulement de pierres, de bois et de fer. Tu parais si simple et pourtant …
O moulin, vieux moulin,
Un jour alors tu pourras réentendre le doux chant limpide de ton ruisseau qui coulera à nouveau sous tes belles voûtes et le ronronnement régulier de ton mécanisme qui actionnera tes vieilles meules.
Ce quelqu’un tu pourras l’appeler, ton meunier.
Même si désormais avec son aide tu ne nourriras plus le corps des hommes.
Mais tout aussi important, leurs esprits …
Témoin, des traditions anciennes, et des vraies valeurs perdues essentielles de la vie,
gravées à jamais en ce lieu …
O moulin, vieux moulin,
Le jour viendra où tu pourra à nouveau être fier…